Des femmes, un conte.
Dun côté, la fin de la mode porno-chic : rideau sur les objets sexuels !
De lautre des anniversaires féministes : 50 ans de droit de vote, 30 ans de loi Veil.
Comment nos contemporaines conjuguent-elles cette concordance des temps ?
Quelle liberté de représentation de la femme ont-elles ?
Comment expriment-elles leur féminité aujourdhui ?
Alors même que les enjeux de la condition féminine se sont déplacés de la loi vers les comportements, comment vivre dans son quotidien les exigences de la vie domestique, celles de la réussite professionnelle et exprimer une sexualité ni pute, ni soumise ?
Augustin met en scène les improvisations de Lisette, Gwendoline et Vicky : comment les femmes révèlent-elles leur identité sous les contraintes et les codes de la différenciation des rôles voulues par la culture et la société? Cest la forme du conte et son univers merveilleux qua choisi Augustin pour interroger la femme dans son corps poétique.
De mon intérieur, le théâtre.
« Dune part le dehors, de lautre le dedans, ça peut être mince comme une lame, je ne suis ni dun côté ni de lautre je suis au milieu je suis la cloison, jai deux faces et pas dépaisseur cest peut être ça que je sens, je me sens qui vibre, je suis le tympan, dun côté cest le crâne, de lautre le monde, je ne suis ni de lun ni de lautre » Samuel Beckett.
Dans cet appartement qui est le vôtre ou celui de vos amis, lespace privé devient public, une intimité sexpose. Quels sont donc ces moments où nous nous plaçons en représentation de et dans notre propre intérieur ? Les diapositives dAurélie interrogent la pose de femmes photographiées chez elles, de tous âges, de toutes origines. Mises en abîme, elles radiographient les frontières de la féminité et de ses universaux.
Le dialogue permanent des 3 personnages entre réel et fantasme, la fragmentation de leurs vies, et le saisissement comique rétablissent la réalité des images créées pour le spectateur.
Chaque performance révèle lappartement qui la reçoit : accepterons-nous de confronter nos représentations à celles de ce théâtre dintérieur ?
« Une lorette est plus amusante que la Vénus de Milo »
(Gustave Flaubert, lEducation sentimentale)
En lisant les Notes de Cuisine de Rodrigo Garcia, nous avons entendu les plaintes alanguies des sirènes dElle et de Vogue. Puis, est venue la mise en garde dElisabeth Badinter sur la parité : Fausse route ! Enfin, Shere Hite** nous a interpellé :
« En Occident, le fondamentalisme bénéficie du soutien objectif dhommes qui ne se considèrent ni fondamentalistes, ni féministes (« Je leur souhaite de réussir, mais je ne vois pas en quoi la lutte des femmes me concerne »). Ils sombrent dans la passivité et se contentent dun rôle dobservateur alors que les femmes se heurtent à de dangereux stéréotypes, quon ridiculise leurs tentatives dobtenir légalité des droits, quon les dépeints comme des objets sexuels, et quon stigmatise les féministes, « bouffeuses dhommes qui nont que ce quelles méritent ».
Pourquoi restent-ils aveugles pourquoi refusent-ils dadmettre que lavancée des femmes joue un rôle capital dans le progrès (spirituel) des hommes eux aussi ? »
Les lorettes sont ces « jeunes femmes élégantes et faciles, courtisanes ou grisettes »* qui étaient nombreuses au XIXème siècle à fréquenter le quartier de Notre Dame de Lorette à Paris.
Nous nous engageons, à notre manière, cest-à-dire en nous amusant.
* : définition donnée par Le Robert.
** : in Linterdiction de Barbie : féminisme et vie privée
Dramaturgie: Damien Desvignes